samedi 19 janvier 2013

J126 – F138

To fight aloud, is very brave —
But gallanter, I know
Who charge within the bosom
The Cavalry of Woe —

Who win, and nations do not see —
Who fall — and none observe —
Whose dying eyes, no Country
Regards with patriot love —

We trust, in plumed procession
For such, the Angels go —
Rank after Rank, with even feet —
And Uniforms of Snow.
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Combattre à grand bruit, c’est bravement fait –
Mais j’en connais, plus galamment
Qui chargent dans le sein de leur sein même
La Cavalerie du Tourment –

Qui vainquent, et les nations ne voient rien –
Qui choient – et par nul contemplés –
Dont l’œil mourant, l’amour patriotique
D’aucun Pays ne vient priser –

Nous avons foi que, sur pieds mesurés,
Procession plumeuse en cortège,
Rang après Rang – les Anges pour eux vont –
Dans des Uniformes de Neige.
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J125 – F109

For each ecstatic instant
We must an anguish pay
In keen and quivering ration
To the ecstasy.

For each beloved hour
Sharp pittances of years —
Bitter contested farthings —
And Coffers heaped with Tears!
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Pour chacun des instants qui extasie
Nous devons payer d’une angoisse
Au taux précis qu’à frisson nous saisit
Cette même extase.

Pour chacune des heures bien-aimées
Des années de rations d’aigreur –
Des deniers amèrement contestés –
Et des Coffrets bombant de Pleurs !
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J124 – F108

In lands I never saw — they say
Immortal Alps look down —
Whose Bonnets touch the firmament —
Whose Sandals touch the town —

Meek at whose everlasting feet
A Myriad Daisy play —
Which, Sir, are you and which am I
Upon an August day?
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En contrées que je n’ai jamais vues – on raconte
Qu’a un regard plongeant l’Alpe immortelle –
Dont les Coiffes atteignent jusqu’au firmament –
Dont les Sandales touchent à la ville –

Doucement et humble aux pieds éternels de qui
La Marguerite par myriades joue –
Lequel d’eux, Monsieur, êtes-vous et quelle suis-je
Quand la journée auguste est un jour d’août ?
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J123 – F107

Many cross the Rhine
In this cup of mine.
Sip old Frankfort air
From my brown Cigar.
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Bien des gens traversent le Rhin
Sur ce gobelet qui est mien.
Hument un air de vieux Frankfort
Émanant brun de mon Cigare.
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J122 – F104

A something in a summer’s Day
As slow her flambeaux burn away
Which solemnizes me.

A something in a summer’s noon —
A depth — an Azure — a perfume —
Transcending ecstasy.

And still within a summer’s night
A something so transporting bright
I clap my hands to see —

Then veil my too inspecting face
Lets such a subtle — shimmering grace
Flutter too far for me —

The wizard fingers never rest —
The purple brook within the breast
Still chafes it narrow bed —

Still rears the East her amber Flag —
Guides still the sun along the Crag
His Caravan of Red —

So looking on — the night — the morn
Conclude the wonder gay —
And I meet, coming thro’ the dews
Another summer’s Day!
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Un je-ne-sais-quoi dans le Jour d’été
Aussi lent que ses flambeaux consumés
Vient me solenniser.

Un je-ne-sais-quoi au mitan d’été –
Un gouffre – un Azur – un bouquet humé –
Extase transcendée.

Et d’été encore au creux de la nuit
Un je-ne-sais-quoi si grisant reluit
J’applaudis qu’il s’y voit –

Puis voile ma trop inspectrice face
Que ne papillonne au loin cette grâce
Si subtile – et d’orfroi –

Les doigts mages n’ont jamais de repos –
Le flot pourpre toujours au cœur des os
Va raguant son étroite couche –

Toujours l’Orient son Drapeau d’ambre érige –
Le Soleil toujours par les Cols dirige
Sa Caravane en Rouge –

Ainsi d’œil ouvert – la nuit – le matin
De conclure en joie la merveille –
Et j’accueille, par les rosées qui vient
Un autre Jour d’été !
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J121 – F120

As Watchers hang upon the East,
As Beggars revel at a feast
By savory Fancy spread —
As brooks in deserts babble sweet
On ear too far for the delight,
Heaven beguiles the tired.

As that same watcher, when the East
Opens the lid of Amethyst
And lets the morning go —
That Beggar, when an honored Guest,
Those thirsty lips to flagons pressed,
Heaven to us, if true.
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Ainsi que les Veilleurs ont l’œil sur l’Orient,
Ainsi que les Mendiants festoient se gobergeant
D’une chère toute Chimère –
Ainsi que les chants des rus dans les déserts bruissent,
À l’ouïe trop lointaine qu’ils lui soient délice,
Le Ciel choie ceux qui s’épuisèrent.

Ainsi ce même veilleur, lorsque l’Orient
De l’Améthyste vient soulever le battant
Et c’est le matin qui paraît –
Ce même Mendiant, lorsqu’un Convive honoré,
Ces mêmes lèvres-là sur les fiasques pressées,
Tel le Ciel pour nous, s’il est vrai.
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J120 – F119

If this is “fading”
Oh let me immediately “fade”!
If this is “dying”
Bury me, in such a shroud of red!
If this is “sleep,”
On such a night
How proud to shut the eye!
Good Evening, gentle Fellow men!
Peacock presumes to die!
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Si voici ce que c’est « s’éteindre »
Oh permettez que je « m’éteigne » sans tarder !
Si voici ce que c’est « mourir »
Qu’on m’ensevelisse, en un linceul si igné !
Si voici ce que c’est « dormir »,
Au cours d’une pareille nuit,
Superbe est le dernier soupir !
Bonne Soirée à vous, gentils Frères humains !
Le Paon prend sur soi de périr !

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