dimanche 20 janvier 2013

J132 – F126

I bring an unaccustomed wine
To lips long parching
Next to mine,
And summon them to drink;

Crackling with fever, they Essay,
I turn my brimming eyes away,
And come next hour to look.

The hands still hug the tardy glass —
The lips I would have cooled, alas —
Are so superfluous Cold —

I would as soon attempt to warm
The bosoms where the frost has lain
Ages beneath the mould —

Some other thirsty there may be
To whom this would have pointed me
Had it remained to speak —

And so I always bear the cup
If, haply, mine may be the drop
Some pilgrim thirst to slake —

If, haply, any say to me
“Unto the little, unto me,”
When I at last awake.
_____

J’apporte un vin inusité aux lèvres
Parcheminées près des miennes
De fièvre,
Et que je leur enjoins de boire ;

Fébriles sillons, elles s’y Essaient,
Je détourne mes yeux de pleurs noyés,
Et reviens l’heure d’après voir.

Les mains tressent encor la lente tasse –
Les lèvres que j’avais voulu, hélas –
Rafraîchir sont à l’excès Froides –

J’aurais autant pu tenter d’attiédir
Les seins en qui les siècles établirent
Leur givre sous la glèbe roide –

Il est peut-être d’autres assoiffés
Vers qui ç’aurait pu mes pas de porter
Si leur fut restée la parole –

Et je porte donc la coupe toujours
Qu’un pèlerin puisse par chance un jour
Étancher sa soif à mon bol –

Que d’aucun dise à chance qu’il me voie
« À l’un de ces plus petits, c’est à moi »,
Quand enfin je m’éveillerai.
_____

J131 – F123

Besides the Autumn poets sing
A few prosaic days
A little this side of the snow
And that side of the Haze —

A few incisive Mornings —
A few Ascetic Eves —
Gone — Mr. Bryant’s “Golden Rod” —
And Mr. Thomson’s “sheaves.”

Still, is the bustle in the Brook —
Sealed are the spicy valves —
Mesmeric fingers softly touch
The Eyes of many Elves —

Perhaps a squirrel may remain —
My sentiments to share —
Grant me, Oh Lord, a sunny mind —
Thy windy will to bear!
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De jours prosaïques outre l’Automne
D’aucuns des poètes arpègent
À l’écart un peu d’où il fait Brumeux
Et distants un peu de la neige –

Quelques Matins à morsure incisive –
Ascétiques quelques Soirées –
Terminés – M. Thomson et ses « gerbes » –
Sieur Bryant aux « Verges Dorées ».

Figés, sont les bruissements du Ruisseau –
Sous sceau les valves savoureuses –
Doucement des doigts mesmériques touchent
Les Yeux des Elfines nombreuses –

Un écureuil il se pourrait s’attarde –
Mes impressions à partager –
Veuille, Ô Seigneur, que mon esprit soleille –
Au venteux de Ta volonté !
_____

J130 – F122

These are the days when Birds come back —
A very few — a Bird or two —
To take a backward look.

These are the days when skies resume
The old — old sophistries of June —
A blue and gold mistake.

Oh fraud that cannot cheat the Bee —
Almost thy plausibility
Induces my belief.

Till ranks of seeds their witness bear —
And softly thro’ the altered air
Hurries a timid leaf.

Oh Sacrament of summer days,
Oh Last Communion in the Haze —
Permit a child to join.

Thy sacred emblems to partake —
They consecrated bread to take
And thine immortal wine!
_____

[Ndt : À Pascale et Philippe Vigny]

Ceux-ci sont les jours où reviennent les Oiseaux –
Guère plus – d’un Oiseau ou deux –
Pour jeter d’arrière un regard.

Ceux-ci sont les jours où les cieux reprennent maints
Des vieux – vieux sophismes de juin –
Une méprise bleue et or.

Oh fraude qui ne peut l’Abeille filouter –
Presque ta plausibilité
Pousse ma foi que je lui prête.

Tant qu’à rangs serrés les graines en témoignèrent –
Et fluide dans l’air qui s’altère
Se hâte une feuille discrète.

Oh Dernière Communion des jours de l’été,
Oh Brouillard oh Rite sacré –
Permet une enfant qui s’y joint.

Qu’elle puisse goûter de tes saintes espèces –
Et partager ton pain de messe
Ainsi que ton immortel vin !
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J129 – F142

Cocoon above! Cocoon below!
Stealthy Cocoon, why hide you so
What all the world suspect?
An hour, and gay on every tree
Your secret, perched in ecstasy
Defies imprisonment!

An hour in Chrysalis to pass,
Then gay above receding grass
A Butterfly to go!
A moment to interrogate,
Then wiser than a “Surrogate,”
The Universe to know!
_____

Un Cocon pour plafond ! Un Cocon pour plancher !
Cocon t’escamotant, pourquoi ainsi cacher
Ce que tout un chacun soupçonne ?
Une heure encore, et sur chaque arbre réjoui
Ton secret, dans l’extase où il prend son appui
Met au défi qu’on l’emprisonne !

Une heure encore de Chrysalide à passer,
Puis réjoui au-dessus du gazon laissé
Un Papillon à déguerpir !
Un moment encore à s’égarer en débats,
Puis plus avisé que ne l’est un « Magistrat »,
Tout l’Univers à découvrir !
_____

J128 – F140

Bring me the sunset in a cup,
Reckon the morning’s flagons up
And say how many Dew,
Tell me how far the morning leaps —
Tell me what time the weaver sleeps
Who spun the breadth of blue!

Write me how many notes there be
In the new Robin’s ecstasy
Among astonished boughs —
How many trips the Tortoise makes —
How many cups the Bee partakes,
The Debauchee of Dews!

Also, who laid the Rainbow’s piers,
Also, who leads the docile spheres
By withes of supple blue?
Whose fingers string the stalactite —
Who counts the wampum of the night
To see that none is due?

Who built this little Alban House
And shut the windows down so close
My spirit cannot see?
Who’ll let me out some gala day
With implements to fly away,
Passing Pomposity?
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Porte-moi une coupe de soleil couchant,
Dénombre les ciboires d’aube s’élevant
Et dis-moi combien s’Embuent parmi eux,
Apprends-moi la distance par l’aube enjambée –
Apprends-moi l’heure où va le tisseur se coucher
Qui a tramé les métrages de bleu !

Écris-moi de combien de notes se compose
Du Passereau toute renouvelée l’extase
Parmi les rameaux passés curieux –
Combien la Tortue doit accomplir de voyages –
Combien boit de coupes de Rosées en partage,
Le Bourdon ce Licencieux !

Aussi, qui établit l’Arc-en-ciel sur piédroits,
Aussi, qui les sphères dociles en charroi
Conduit à pleyons ductiles de bleu ?
À qui les doigts qui guirlandent la stalactite –
Qui du calcul des cauris de la nuit s’acquitte
Veillant que ne reste dû nul d’entre eux ?

Qui bâtit cette petite Maison Albaine
Et ferma la fenêtre à si closes persiennes
Que mon esprit dès lors ne peut qu’il voie ?
Qui me laissera un jour de gala filer
Munie d’appareils avec lesquels m’envoler,
Qui passeront les Pompeux apparats ?
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J127 – F139

“Houses” — so the Wise Men tell me —
“Mansions”! Mansions must be warm!
Mansions cannot let the tears in,
Mansions must exclude the storm!

“Many Mansions,” by “his Father,”
I don’t know him; snugly built!
Could the Children find the way there —
Some, would even trudge tonight!
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« Maisons » – à ce que m’en disent les Mages –
« Manoirs » ! Les manoirs doivent être bien chauffés !
Les pleurs n’ont pas droit d’entrée aux manoirs,
Les manoirs doivent la tourmente débouter !

« De nombreux Manoirs », auprès de « son Père »,
Je ne le connais point ; douillettement bâtis !
Les Enfants en trouveraient le chemin –
D’aucuns, s’y traîneraient en peinant /dès avant/ cette nuit !

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