J1750 –
F1767
The words the happy say
Are paltry melody
But those the silent feel
Are beautiful —
_____
[NdT: À Philippe Vigny]
Les mots disent ceux des heureux
Sont mélodie de peu
Mais qui le silence pressent
Ils sont resplendissants –
_____
J1749 –
F1766
The waters chased him as he fled,
Not daring look behind —
A billow whispered in his Ear,
“Come home with me, my friend —
My parlor is of shriven glass,
My pantry has a fish
For every palate in the Year” —
To this revolting bliss
The object floating at his side
Made no distinct reply.
_____
Les eaux le pourchassaient comme il fuyait,
N’osant pas un regard arrière –
Une lame à l’Oreille lui glissait,
« Viens-t-en jusqu’à chez moi, mon frère –
Mon séjour est de verre immarcescible,
J’ai un poisson dans ma soupente
Pour chaque palais dans le cours de l’An » –
À cette liesse révulsante
L’objet qui s’en vint flotter à son flanc
N’offrit pas de réponse audible.
_____
J1748 –
F1776
The reticent volcano keeps
His never slumbering plan —
Confided are his projects pink
To no precarious man.
If nature will not tell the tale
Jehovah told to her
Can human nature not survive
Without a listener?
Admonished by her buckled lips
Let every babbler be
The only secret people keep
Is Immortality.
_____
Le volcan réticent tient sous sa garde
Ses plans jamais qui sommeillèrent –
Notifié son projet rose n’est
À nulle humanité précaire.
Si la nature ne narrera pas
Ce que lui dit le Créateur
La nature humaine peut-elle pas
Procéder sans un auditeur ?
L’admonestation du sceau de ses lèvres
Mette en garde chaque caquet
Que le seul secret que nos voisins tiennent
Sous garde est l’Immortalité.
_____
J1747 –
F1765
The parasol is the umbrella’s daughter,
And associates with a fan
While her father abuts the tempest
And abridges the rain.
The former assists a siren
In her serene display;
But her father is borne and honored,
And borrowed to this day.
_____
Du parapluie le parasol est fille
À l’éventail qui s’associe
Quand son père s’arc-boute à la tempête
Et fait que la pluie s’accourcit.
Celui-ci vient en secours aux sirènes
Dans le serein de leurs effets ;
Mais son père est porté avec honneur,
Et jusqu’à ce jour usité.
_____
J1746 –
F1764
The most important population
Unnoticed dwell,
They have a heaven each instant
Not any hell.
Their names, unless you know them,
’Twere useless tell.
Of bumble-bees and other nations
The grass is full.
_____
La plus importante population
Loge sans qu’on la voie,
Dont chacun des instants est un éden
Sans que l’enfer en soit.
Ses noms, à moins que tu ne la connaisses,
Les dire sert de quoi.
Les bourdons et bien d’autres nations
Dans l’herbe sont tous là.
_____
J1745 –
F1763
The mob within the heart
Police cannot suppress
The riot given at the first
Is authorized as peace
Uncertified of scene
Or signified of sound
But growing like a hurricane
In a congenial ground.
_____
Les séditieux au sein du cœur
Police ne peut disperser
Le soulèvement donné à ceux-là
Lui est concédé comme paix
Sans que la certifie de scène
Ou qu’un son l’ait signifiée
Mais s’accroissant ainsi qu’un ouragan
En un terrain approprié.
_____
J1744 –
F1762
The joy that has no stem nor core,
Nor seed that we can sow,
Is edible to longing,
But ablative to show.
By fundamental palates
Those products are preferred
Impregnable to transit
And patented by pod.
_____
La joie qui n’a de tige ni de moelle,
Ni de germe que nous plantions,
Est comestible par la nostalgie,
Mais ablative à l’ostension.
Des palais fondamentaux ces produits
Se trouvent être préférés
Qui sont impénétrables au transfert
Et par la cosse patentés.
_____
J1743 –
F1784
The grave my little cottage is,
Where “Keeping house” for thee
I make my parlor orderly
And lay the marble tea.
For two divided, briefly,
A cycle, it may be,
Till everlasting life unite
In strong society.
_____
Le caveau est ma petite chaumière,
Où pour toi par « l’art ménager »
Je tiens mon séjour propre et ordonné
Et de marbre apprête le thé.
Pour deux divisés, la brièveté,
Un cycle, peut sembler durer,
Jusqu’à ce que les noue la vie sans fin
En une étroite société.
_____
J1742 –
F1781
The distance that the dead have gone
Does not at first appear —
Their coming back seems possible
For many an ardent year.
And then, that we have followed them,
We more than half suspect,
So intimate have we become
With their dear retrospect.
_____
La distance que les morts parcoururent
N’apparaît pas de prime abord –
Leur retour après tout semble possible
Au fil ardent d’années encor.
Puis, pour ce que nous les avons suivis,
Plus qu’à demi point le soupçon,
Si intimes nous sommes devenus
De leur chère rétrospection.
_____
J1741 –
F1761
That it will never come again
Is what makes life so sweet.
Believing what we don’t believe
Does not exhilarate.
That if it be, it be at best
An ablative estate —
This instigates an appetite
Precisely opposite.
_____
De ce qu’elle ne reviendra jamais
Est la vie si exquise.
Croire en cela auquel on ne croit pas
Réfrène qu’on se grise.
De ce qu’à être, il en va être au mieux
D’une charge ablative –
S’en trouve suscité un appétit
Que l’inverse motive.
_____
J1740 –
F1780
Sweet is the swamp with its secrets,
Until we meet a snake;
’Tis then we sigh for houses,
And our departure take
At that enthralling gallop
That only childhood knows.
A snake is summer’s treason,
And guile is where it goes.
_____
Charmeur le marais est en ses secrets
Jusqu’à rencontrer un serpent ;
Nous soupirons alors pour des maisons
Et déguerpissons sur-le-champ
De cet enthousiasme de galopade
Que seuls connaissent les enfants.
Le serpent est de l’été la traîtrise,
Et rouerie est où il se rend.
_____
J1739 – F586
Some say goodnight — at night —
I say goodnight by day —
Good-bye — the Going utter me —
Goodnight, I still reply —
For parting, that is night,
And presence, simply dawn —
Itself, the purple on the height
Denominated morn.
_____
D’aucuns disent bonne nuit – à la nuit –
Je dis bonne nuit en plein jour –
Au-revoir – me prononcent les Partants –
Bonne nuit, je réponds toujours –
Car se séparer, c’est cela la nuit,
Et la présence, l’aube simple –
Elle-même, la pourpre sur le pic
Que l’on dénomme le matin.
_____
J1738 –
F1772
Softened by Time’s consummate plush,
How sleek the woe appears
That threatened childhood’s citadel
And undermined the years.
Bisected now, by bleaker griefs,
We envy the despair
That devastated childhood’s realm,
So easy to repair.
_____
Amortie au moelleux molletonné du Temps,
Combien polie paraît la peine
Qui menaçait de fondre au château-fort d’enfance
Et minait les ans souterraine.
Cadastrés désormais, par des chagrins plus crus,
Nous envions le désespoir
Dont était dévastée la royauté d’enfance,
Si facile alors à rasseoir.
_____
J1737 – F267
Rearrange a “Wife’s” affection!
When they dislocate my Brain!
Amputate my freckled Bosom!
Make me bearded like a man!
Blush, my spirit, in thy Fastness —
Blush, my unacknowledged clay —
Seven years of troth have taught thee
More than Wifehood every may!
Love that never leaped its socket —
Trust entrenched in narrow pain —
Constancy thro’ fire — awarded —
Anguish — bare of anodyne!
Burden — borne so far triumphant —
None suspect me of the crown,
For I wear the “Thorns” till
Sunset —
Then — my Diadem put on.
Big my Secret but it’s
bandaged —
It will never get away
Till the Day its Weary Keeper
Leads it through the Grave to thee.
_____
Réarranger l’Affection d’une « Épouse » !
Lorsqu’ils disloqueront mon Crâne !
Amputeront mon sein taché de son !
Me feront barbue comme un homme !
Rougis, mon âme, en ta Ténacité –
Rougis, mon limon méconnu –
Sept années d’engagement t’ont appris
Plus qu’un statut d’Épouse eût pu !
Amour jamais jailli de son orbite –
Foi retranchée en chagrin vif –
Constance au travers du feu – décernée –
Angoisse – à nu sans lénitif !
Fardeau – jusqu’alors porté triomphant –
Nul ne me soupçonne en couronne,
Car je ceins les « Épines » jusqu’à
Brune –
Puis – de mon Diadème je m’orne.
Bondé mon Secret mais l’est sous
bandage –
Jamais il ne s’échappera
Jusqu’au jour où sa Gardienne Harassée
Le conduit par la Tombe à toi.
_____
J1736 –
F1760
Proud of my broken heart, since thou didst break it,
Proud of the pain I did not feel till thee,
Proud of my night, since thou with moons dost slake it,
Not to partake thy passion,
my humility.
Thou can’st not boast, like Jesus, drunken without companion
Was the strong cup of anguish brewed for the Nazarene
Thou can’st not pierce tradition with the peerless puncture,
See! I usurped
thy crucifix to honor mine!
_____
Fière de mon cœur brisé, car il fut brisé par toi,
Fière de cette douleur qu’avant toi je n’éprouvai,
Fière de ma nuit, au vu que tu l’assouvis de lunes,
N’avoir part à ta passion, voici
mon humilité.
Tu ne peux pas, tel Jésus, clamer sans compagnon bue
L’âpre angoisse distillée en coupe au Nazaréen
Ni rompre la tradition par perforation hors pair.
Vois ! J’usurpai
ton crucifix pour honorer le mien !
_____
J1735 –
F1759
One crown that no one seeks
And yet the highest head
Its isolation coveted
Its stigma deified
While Pontius Pilate lives
In whatsoever hell
That coronation pierces him
He recollects it well.
_____
Une couronne que nul ne réclame
Et pourtant le chef le plus sage
En a convoité l’isolation
En a déifié l’outrage
Cependant que Ponce Pilate vit
En quelque enfer dorénavant
Ce couronnement-là le déchiquette
Il s’en souvient parfaitement.
_____
J1734 –
F1477
Oh, honey of an hour,
I never knew thy power,
Prohibit me
Till my minutest dower,
My unfrequented flower,
Deserving be.
_____
Oh, toi le miel d’une seule heure,
J’ignorai ta forte saveur,
Interdis-moi
Tant que ce mien infime douaire,
Ma fleur sans un seul visiteur,
Digne te soit.
_____
J1733 –
F1342
No man saw awe, nor to his house
Admitted he a man
Though by his awful residence
Has human nature been.
Not deeming of his dread abode
Till laboring to flee
A grasp on comprehension laid
Detained vitality.
Returning is a different route
The Spirit could not show
For breathing is the only work
To be enacted now.
“Am not consumed,” old Moses wrote,
“Yet saw him face to face” —
That very physiognomy
I am convinced was this.
_____
Nul homme n’a vu l’effroi, ni chez lui
D’homme n’a admis ce dernier
Même si près de son effrayant toit
La nature humaine est passée.
Sans égard pour sa résidence atroce
Sauf qu’efforçant d’en décamper
Une étreinte empoigne l’entendement
Et écroue la vitalité.
Le retour suit un tout autre parcours
Que l’Esprit ne saurait montrer
Pour ce que le souffle est le seul travail
Qui se puisse alors assumer.
« Non pas cendres », écrit le vieux Moïse,
« Quand face à face je Le vis » –
Je suis convaincue pour ma part que fut
Telle cette physionomie.
_____
J1732 –
F1773
My life closed twice before its close —
It yet remains to see
If Immortality unveil
A third event to me
So huge, so hopeless to conceive
As these that twice befell.
Parting is all we know of heaven,
And all we need of hell.
_____
Ma vie deux fois s’est close avant se clore –
Il demeure à voir cependant
Si me dévoile l’Immortalité
Un tel troisième événement
Si vaste, et sans espoir qu’on le conçoive
Comme ces deux qui m’incombèrent.
Partance est tout notre savoir du ciel,
Et tout notre besoin d’enfer.
_____
J1731 –
F1758
Love can do all but raise the Dead
I doubt if even that
From such a giant were withheld
Were flesh equivalent
But love is tired and must sleep,
And hungry and must graze
And so abets the shining Fleet
Till it is out of gaze.
_____
L’amour peut tout hors réveiller les Morts
Je doute même que privant
Le géant de cette capacité
Les corps seraient équivalents
Mais l’amour est las et doit qu’il s’endorme,
Et affamé et doit qu’il paisse
Et donc incite la Flotte éclatante
Hors de vue qu’elle disparaisse.
_____
J1730 – F54
“Lethe” in my flower,
Of which they who drink
In the fadeless orchards
Hear the bobolink!
Merely flake or petal
As the Eye beholds
Jupiter! my father!
I perceive the rose!
_____
Le « Léthé » dans ma fleur,
Dont ceux-là qui en goûtent
Aux vergers perpétuels
Le passereau écoutent !
Flocon simple ou pétale
Selon que l’œil y voit
Jupiter ! Ô mon père !
La rose j’entrevois !
_____
J1729 – F56
I’ve got an arrow here.
Loving the hand that sent it
I the dart revere.
Fell, they will say, in “skirmish”!
Vanquished, my soul will know
By but a simple arrow
Sped by an archer’s bow.
_____
Une flèche en moi s’est fichée.
Adorant la main qui la décocha
Je révère le trait.
Tombée, diront-ils, dans quelque « embuscade » !
Mon âme alors saura, défaite,
Décochée de l’arc vite d’un archer
Par rien qu’une flèche simplette.
_____
J1728 – F757
Is Immortality a bane
That men are so oppressed?
_____
L’immortalité est-elle un fléau
Que les hommes en sont si oppressés ?
_____
J1727 – F585
If ever the lid gets off my head
And lets the brain away
The fellow will go where he belonged —
Without a hint from me,
And the world — if the world be looking on —
Will see how far from home
It is possible for sense to live
The soul there — all the time.
_____
Si la chape jamais détachait de ma tête
Et que s’affranchît le cerveau
Le camarade irait là où il a demeure –
Sans la moindre allusion à moi,
Et le monde – si le monde y jetait les yeux –
Verrait combien loin de chez soi
Les sens ont la possibilité d’exister
Quand l’âme là – toutes les fois.
_____
J1726 –
F1756
If all the griefs I am to have
Would only come today,
I am so happy I believe
They’d laugh and run away.
If all the joys I am to have
Would only come today,
They could not be so big as this
That happens to me now.
_____
Que tous les chagrins qui seront mon lot
Pussent en ce jour se montrer,
Je suis si heureuse que je crois bien
En s’esclaffant qu’ils s’enfuiraient.
Que toutes les joies qui seront mon lot
Pussent en ce jour se montrer,
Elles ne sauraient dépasser en taille
Ce qui m’arrive en ce moment.
_____
J1725 – F396
I took one Draught of Life —
I’ll tell you what I paid —
Precisely an existence —
The market price, they said.
They weighed me, Dust by Dust —
They balanced Film with Film,
Then handed me my Being’s worth —
A single Dram of Heaven!
_____
Je pris une Goulée de Vie –
Je t’en confie le prix payé –
Très exactement toute une existence –
Qu’ils dirent, le prix du marché.
Ils m’ont soupesée, Poudre à Poudre –
Ont la Mue par mue balancée,
Puis m’ont tendu la valeur de mon Être –
Du Ciel une seule Gorgée !
_____
J1724 –
F1782
How dare the robins sing,
When men and women hear
Who since they went to their account
Have settled with the year! —
Paid all that life had earned
In one consummate bill,
And now, what life or death can do
Is immaterial.
Insulting is the sun
To him whose mortal light
Beguiled of immortality
Bequeaths him to the night.
Extinct be every hum
In deference to him
Whose garden wrestles with the dew,
At daybreak overcome!
_____
Comment osent de chanter les pinsons,
Quand hommes et femmes sont à l’écoute
Qui depuis qu’ils s’en sont allés solder leur compte
Ont reçu de l’année toute leur soulte !
Réglés les gages que la vie gagna
En un unique apurement complet,
Et désormais, ce que vie ou mort peuvent faire
D’aucune importance se vêt.
Il est offensant qu’il fasse soleil
Pour celui dont la mortelle clarté
Par l’immortalité qui se laissa séduire
Le couche à la nuit dans ses volontés.
Boisseau mis sur l’ensemble des murmures
Selon la déférence qui revient
À lui dont le jardin combattit la rosée,
Terrassé à l’heure où l’aurore point !
_____
J1723 –
F1778
High from the earth I heard a bird,
He trod upon the trees
As he esteemed them trifles,
And then he spied a breeze,
And situated softly
Upon a pile of wind
Which in a perturbation
Nature had left behind.
A joyous going fellow
I gathered from his talk
Which both of benediction
And badinage partook.
Without apparent burden
I subsequently learned
He was the faithful father
Of a dependent brood.
And this untoward transport
His remedy for care.
A contrast to our respites.
How different we are!
_____
J’entendais loin de la terre un oiseau,
Il foulait le sommet des arbres
Comme s’il les estimait des broutilles,
Puis vint jucher en équilibre
Doucement dans une brise aperçue
Sur un empilement de vent
Qu’à la suite d’une perturbation
Laissa la Nature en partant.
Un quidam de composition heureuse
Présumai-je de son ramage
Où tout uniment la bénédiction
S’entremêlait au badinage.
Sans l’apparence qu’elle fût fardeau
Par la suite on m’a renseignée
Il était père et parfaitement fiable
De la charge d’une nichée.
Et ses transports incongrus lui étaient
Son remède face au souci.
Quel contraste avec nos atermoiements.
Combien ça nous différencie !
_____
J1722 –
F1755
Her face was in a bed of hair,
Like flowers in a plot —
Her hand was whiter than the sperm
That feeds the sacred light.
Her tongue more tender than the tune
That totters in the leaves —
Who hears may be incredulous,
Who witnesses, believes.
_____
Son visage était sur un lit de chevelure,
Comme des fleurs sur un lopin –
Sa main plus immaculée que spermaceti
Qui nourrit le flambeau divin.
Sa langue était plus tendre que la ritournelle
Qui dans les feuillages s’éploie –
Qui l’entend dire peut se montrer incrédule,
Qui en témoigne, obtient la foi.
_____
J1721 –
F1754
He was my host — he was my guest,
I never to this day
If I invited him could tell,
Or he invited me.
So infinite our intercourse
So intimate, indeed,
Analysis as capsule seemed
To keeper of the seed.
_____
Il fut mon hôte – il fut mon commensal,
Jamais jusqu’à ce jour je n’ai
Si je l’avais invité pu le dire,
Ou si j’en étais l’invitée.
Notre commerce eut lieu si infini
Si intime, qu’en vérité,
L’analyse une capsule semblait
À qui la graine avait gardée.
_____
J1720 –
F1753
Had I known that the first was the last
I should have kept it longer.
Had I known that the last was the first
I should have drunk it stronger.
Cup, it was your fault,
Lip was not the liar.
No, lip, it was yours,
Bliss was most to blame.
_____
Eussé-je su le premier être le dernier
Je l’aurais gardé plus longtemps.
Eussé-je su le dernier être le premier
Je l’aurais bu plus goulûment.
Calice, c’était de ta faute,
Lèvre ne fut pas le menteur.
Nenni, lèvre, c’était la tienne,
Liesse fut la plus à blâmer.
_____
J1719 –
F1752
God is indeed a jealous God —
He cannot bear to see
That we had rather not with Him
But with each other play.
_____
C’est en effet un Dieu jaloux que Dieu –
L’indispose de constater
Que nous préférerions non avec Lui
Mais l’un avec l’autre jouer.
_____
J1718 –
F1542
Drowning is not so pitiful
As the attempt to rise.
Three times, ’Tis said, a sinking man
Comes up to face the skies,
And then declines forever
To that abhorred abode,
Where hope and he part company —
For he is grasped of God.
The Maker’s cordial visage,
However good to see,
Is shunned, we must admit it,
Like an adversity.
_____
Se noyer n’est point aussi pathétique
Que de tenter de s’élever.
Par trois fois, dit-on, revient face aux cieux
L’homme sur le point de sombrer,
Puis à tout jamais voici qu’il s’abîme
Vers ce domicile hideux,
Où l’espoir et lui rompent leur commerce –
Car il est empoigné de Dieu.
Du Créateur le visage cordial,
Si bon qu’il soit le contempler,
Est esquivé, il nous le faut admettre,
Tout autant qu’une adversité.
_____
J1717 –
F1751
Did life’s penurious length
Italicize its sweetness,
The men that daily live
Would stand so deep in joy
That it would clog the cogs
Of that revolving reason
Whose esoteric belt
Protects our sanity.
_____
De la vie la longueur parcimonieuse
En italiciserait la douceur,
Que les hommes qui vivent chaque jour
Seraient plongés si avant dans la joie
Que s’encrasserait chacun des rouages
De cette raison à révolution
Qui avec sa courroie ésotérique
Protège la santé de notre esprit.
_____
J1716 –
F1783
Death is like the insect
Menacing the tree,
Competent to kill it,
But decoyed may be.
Bait it with the balsam,
Seek it with the saw,
Baffle, if it cost you
Everything you are.
Then, if it have burrowed
Out of reach of skill —
Wring the tree and leave it,
’Tis the vermin’s will.
_____
La mort est semblable à l’insecte
Dont l’arbre est menacé,
Qualifié pour le tuer,
Mais que l’on peut leurrer.
Allèche-la avec du baume,
De la scie poursuis-la,
Éberlue, même s’il t’en coûte
Tout ce que tu es toi.
Puis, si elle a su tarauder
Loin de l’outil tenté –
Extirpe puis délaisse l’arbre,
Au ver sa volonté.
_____
J1715 –
F1750
Consulting summer’s clock,
But half the hours remain.
I ascertain it with a shock —
I shall not look again.
The second half of joy
Is shorter than the first.
The truth I do not dare to know
I muffle with a jest.
_____
Consultant l’horloge d’été
Plus n’est que la moitié des heures.
Avec un choc je viens le constater –
Mon œil plus jamais ne l’effleure.
La seconde part de la joie
Est plus brève que la première.
La vérité que je n’ose savoir
D’une pitrerie je l’enterre.
_____
J1714 –
F1749
By a departing light
We see acuter, quite,
Than by a wick that stays.
There’s something in the flight
That clarifies the sight
And decks the rays.
_____
Sous une lumière en partance
Nous voyons plus net, d’évidence,
Qu’au fixe lumignon.
Quelque chose dans la carence
Accorde au regard transparence
Et orne les rayons.
_____
J1713 –
F1748
As subtle as tomorrow
That never came,
A warrant, a conviction,
Yet but a name.
_____
Aussi subtil qu’un lendemain
Qui n’a jamais paru,
Soit garantie, soit conviction,
Mais un nom rien de plus.
_____
J1712 – F508
A Pit — but Heaven over it —
And Heaven beside, and Heaven abroad,
And yet a Pit —
With Heaven over it.
To stir would be to slip —
To look would be to drop —
To dream — to sap the Prop
That holds my chances up.
Ah! Pit! With Heaven over it!
The depth is all my thought —
I dare not ask my feet —
’Twould start us where we sit
So straight you’d scarce suspect
It was a Pit — with fathoms under it —
Its Circuit just the same.
Seed — summer — tomb —
Whose Doom to whom?
_____
Un Trou – mais le Ciel en surplomb –
Ciel ci et là, Ciel au pourtour ;
Et cependant un Trou
Avec Ciel en surplomb.
S’ébranler serait s’ébouler –
Y donner de l’œil en déchoir –
Songer – en saperait l’Objet
Sur quoi mes chances vont s’asseoir.
Ah ! Trou. Avec Ciel en surplomb !
Toute ma pensée est du fond –
N’osant mes pas poser question –
Choc de nous savoir où assis
Si sûrs qu’à peine il fût soupçon
Qu’un Trou c’était – sur des lieues sis –
La même est sa Circuiterie.
Semence – été – terminaison –
Damnation de Qui envers qui ?
_____
J1711 –
F1774
A face devoid of love or grace,
A hateful, hard, successful face,
A face with which a stone
Would feel as thoroughly at ease
As were they old acquaintances —
First time together thrown.
_____
Un visage dépourvu d’amour ou de grâce,
Un dur, haineux, visage où le succès prend place,
Visage avec quoi le pavé
Se sentirait à l’aise avec autant d’aisance
Que s’ils étaient tous deux de vieilles connaissances –
Sitôt l’un sur l’autre tombé.
_____
J1710 – F509
A curious Cloud surprised the Sky,
’Twas like a sheet with Horns;
The sheet was Blue —
The Antlers Gray —
It almost touched the lawns.
So low it leaned — then statelier drew —
And trailed like robes away,
A Queen adown a satin aisle
Had not the majesty.
_____
Un surprenant Nuage stupéfiait le Ciel,
Il paraissait un Drap Cornu ;
Le drap était de Bleu – de Gris les Andouillers –
Aux gazons quasi descendu.
Il se courba si bas – puis s’alla si grandesse –
En traîne aux robes froufroutée,
Qu’une Reine le long de travées de satin
N’en aurait pas la majesté.
_____
J1709 –
F1713
With sweetness unabated
Informed the hour had come
With no remiss of triumph
The autumn started home —
Her home to be with Nature
As competition done
By influential kinsmen
Invited to return —
In supplements of Purple
An adequate repast
In heavenly reviewing
Her residue be past —
_____
D’une douceur sans diminuendo
Informé qu’il était en l’heure
D’un décroissement de triomphe indemne
Revint l’automne en sa demeure –
Sa demeure à être dans la Nature
Vue la compétition finie
Invité par des parents influents
À s’en retourner dans ce nid –
Avec ses Pourpres superfétations
Un assez suffisant banquet
Quoique pour le réexamen céleste
Son résidu fût dépassé –
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J1708 –
F1712
Witchcraft has not a Pedigree
’Tis early as our Breath
And mourners meet it going out
The moment of our death —
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La Sorcellerie est dépourvue de Lignée
Première ainsi que notre Haleine
Et les endeuillés la rencontrent qui s’éloignent
À l’heure où la mort nous entraîne –
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J1707 –
F1720
Winter under cultivation
Is as arable as Spring.
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L’hiver dont on assure la culture
Est aussi arable que le Printemps.
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J1706 –
F1737
When we have ceased to care
The Gift is given
For which we gave the Earth
And mortgaged Heaven
But so declined in worth
’Tis ignominy now
To look upon —
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[NdT: Pour Li Ting Hung]
Quand nous cessons d’en avoir le souci
Voici que se donne le Don
Pour lequel nous avions donné la Terre
Et l’Éden en gage engagions
Mais à valeur si démonétisée
Que c’est alors ignominieux
D’y reporter les yeux –
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J1705 –
F1691
Volcanoes be in Sicily
And South America
I judge from my Geography —
Volcanos nearer here
A Lava step at any time
Am I inclined to climb —
A Crater I may contemplate
Vesuvius at Home.
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Volcans qu’il s’en trouve dans la Sicile
Et en Amérique latine
J’en juge selon ma Géographie –
Volcans aux parages d’ici
D’un degré de Lave à chaque moment
J’incline à les escalader –
Un Cratère il se peut que je contemple
Vésuve dans la Maisonnée.
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J1704 –
F1745
Unto a broken heart
No other one may go
Without the high prerogative
Itself hath suffered too.
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Aux parages d’un cœur brisé
Nul autre ne peut approcher
Sans la haute prérogative
Qu’aussi la douleur l’ait touché.
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J1703 –
F1740
’Twas comfort in her Dying Room
To hear the living Clock —
A short relief to have the wind
Walk boldly up and knock —
Diversion from the Dying Theme
To hear the children play —
But wrong the more
That these could live
And this of ours must
die.
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Ce fut réconfort dans sa Chambre d’Agonie
D’entendre l’Horloge vivante –
Un répit bref lorsqu’avança la bise hardie
Frapper à la porte insistante –
Diversion de ce Thème d’Agonie d’entendre
Des enfants jouer tout à l’heure
Mais plus inique encor qu’ils aient droit à la vie
Quand la nôtre doit qu’elle
meure.
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J1702 –
F1706
Today or this noon
She dwelt so close
I almost touched her —
Tonight she lies
Past neighborhood
And bough and steeple,
Now past surmise.
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Ce jour ou ce midi
Elle avait lieu si proche
Que j’allais presque la toucher –
Cette nuit elle gît
Bien loin du voisinage
Et de la branche et du clocher,
Loin de rien qu’on présage.
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J1701 –
F1744
To their apartment deep
No ribaldry may creep
Untumbled this abode
By any man but God —
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Nulle au profond de leur logis
S’immisce de Ribauderie
La cabriole dans ce lieu
D’aucun homme hormis que de Dieu –
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