samedi 1 juillet 2017

J1775 – F895

J1775 – F895

The Earth has many keys,
Where Melody is not
Is the Unknown Peninsula.
Beauty is Nature’s Fact.

But Witness for Her Land,
And Witness for Her Sea,
The Cricket is Her utmost
Of Elegy to Me.
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La Terre a de nombreuses clefs,
Là où la Mélodie n’est pas
Est la Péninsule dont Rien n’est su.
Pour Nature est le Beau son Pas.

Mais qu’il soit Témoin de Ses Terres,
Et Témoin de Sa Mer qu’il soit,
Le Grillon est le plus qu’Elle sait faire
De l’Élégie jusques à Moi.
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J1774 – F1182

Too happy Time dissolves itself
And leaves no remnant by —
’Tis Anguish not a Feather hath
Or too much weight to fly —
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Un Temps trop heureux se dissout soi-même
Sans laisser de vestige encor –
C’est l’Angoisse de Plume qui n’a pas
Ou trop de poids pour prendre essor –
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J1773 – F1622

The Summer that we did not prize,
Her treasures were so easy
Instructs us by departing now
And recognition lazy —

Bestirs itself — puts on its Coat,
And scans with fatal promptness
For Trains that moment out of sight,
Unconscious of his smartness.
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L’Été que nous n’avions pas su priser,
Qu’étaient ses richesses patentes
Nous l’apprend par son départ maintenant
Et reconnaissance indolente –

S’ébranle – s’habille de son Manteau,
Et suit d’un œil fatal la courbe
Des Trains pour l’instant hors de vue encore,
Sans une idée de sa superbe.
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J1772 – F[non inclus]

Let me not thirst with this Hock at my Lip,
Nor beg, with Domains in my Pocket —
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Que je ne connaisse la soif avec ce Nectar à ma Bouche,
Ni ne me trouve à mendier, avec des Duchés dans ma Poche –
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J1771 – F1557

How fleet — how indiscreet an one —
How always wrong is Love —
The joyful little Deity
We are not scourged to serve —
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Combien leste – combien celui-là indiscret –
Combien toujours l’Amour a tort –
La Déité petite et joyeuse qu’un fouet
Ne nous contraint pas à servir –
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J1770 – F1181

Experiment escorts us last —
His pungent company
Will not allow an Axiom
An Opportunity
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L’expérience nous escorte en dernier –
Sa compagnie tout amertume
Envers l’Axiome ne concèdera
De Possibilité aucune
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J1769 – F1153

The longest day that God appoints
Will finish with the sun.
Anguish can travel to its stake,
And then it must return.
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Le plus long des jours qu’ait assigné Dieu
Par le soleil va s’achever.
L’angoisse peut cheminer vers son pal,
Ensuite il lui faut retourner.
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J1768 – F1606

Lad of Athens, faithful be
To Thyself,
And Mystery —
All the rest is Perjury —
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Fils d’Athènes, fidèle sois toujours
Envers toi-même,
Et le Mystère –
Tout le reste n’est que Parjure –
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J1767 – F1785

Sweet hours have perished here;
This is a mighty room;
Within its precincts hopes have played, —
Now shadows in the tomb.
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De douces heures ont péri ici ;
C’est un salon bien imposant ;
Dans son enceinte ont joué des espoirs, –
Ombres au tombeau maintenant.
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J1766 – F1746

Those final Creatures, — who they are —
That, faithful to the close,
Administer her ecstasy,
But just the Summer knows.
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Ces ultimes Créatures, – qui elles sont –
En fidèles jusqu’à la fin,
Qui administrent les secours de son extase,
Ce savoir l’Été seul détient.
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J1765 – F1747

That Love is all there is,
Is all we know of Love;
It is enough, the freight should be
Proportioned to the groove.
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Que l’Amour est tout ce qui est,
Est tout l’Amour que nous sachions ;
C’est assez, la charge devrait
Être à proportion du sillon.
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J1764 – F1789

The saddest noise, the sweetest noise,
The maddest noise that grows, —
The birds, they make it in the spring,
At night’s delicious close.

Between the March and April line —
That magical frontier
Beyond which summer hesitates,
Almost too heavenly near.

It makes us think of all the dead
That sauntered with us here,
By separation’s sorcery
Made cruelly more dear.

It makes us think of what we had,
And what we now deplore.
We almost wish those siren throats
Would go and sing no more.

An ear can break a human heart
As quickly as a spear,
We wish the ear had not a heart
So dangerously near.
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[NdT: Pour Nicole Kampe]

Le plus triste bruit, le bruit le plus doux,
Le bruit le plus fou qui s’accroisse –
Les oiseaux, au printemps le font à l’heure
Délicieuse où la nuit s’efface.

Sur la limite entre mars et avril –
Cette frontière magicienne
Par-delà laquelle hésite l’été,
Comme un presque trop proche éden.

Il nous fait penser à chacun des morts
Avec nous ici qui flânèrent,
Par le philtre de la séparation
Rendus cruellement plus chers.

Il nous fait penser à ce que nous eûmes,
Et désormais que nous pleurons,
Presque à vouloir voir ces gosiers sirènes
Partir et taire leurs chansons.

Un cœur humain peut se briser d’ouïr
Aussi vite que d’une lance,
Nous voudrions que l’ouïe ait un cœur
À moins périlleuse distance.
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J1763 – F1788

Fame is a bee.
It has a song —
It has a sting —
Ah, too, it has a wing.
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Abeille est renommée.
Elle a une chanson –
Elle a un aiguillon –
Ah et elle est, aussi, ailée.
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J1762 – F1787

Were natural mortal lady
Who had so little time
To pack her trunk and order
The great exchange of clime —

How rapid, how momentous —
What exigencies were —
But nature will be ready
And have an hour to spare.

To make some trifle fairer
That was too fair before —
Enchanting by remaining,
And by departure more.
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Si la nature était une dame mortelle
De si peu de temps disposant
Pour préparer sa malle puis pour ordonner
L’immense échange des saisons –

Combien expéditif, combien prodigieux –
Que d’ordres lancés aux abois –
Mais la nature sera prête et elle aura
Une heure même de surcroît.

Pour enjoliver encore un colifichet
Auparavant déjà mignard –
Qui à s’attarder demeure un ravissement,
Davantage par son départ.
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J1761 – F397

A train went through a burial gate,
A bird broke forth and sang,
And trilled, and quivered, and shook his throat
Till all the churchyard rang;

And then adjusted his little notes,
And bowed and sang again.
Doubtless, he thought it meet of him
To say good-by to men.
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Un cortège passait un portail funéraire,
Un oiseau se répandit en chansons,
Et trilla, et trembla, et battit son jabot
Tant que le cimetière entier fut sons ;

Après avoir ajusté ses petites notes,
Il salua et sa chanson reprit.
Nul doute, il pensait ressortir à son devoir
Qu’aux hommes ses adieux il fît.
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J1760 – F1590

Elysium is as far as to
The very nearest Room
If in that Room a Friend await
Felicity or Doom —

What fortitude the Soul contains,
That it can so endure
The accent of a coming Foot —
The opening of a Door —
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L’Élysée est aussi distant que l’est
La Pièce toute très prochaine
Si dans cette Pièce un Ami attend
La Félicité ou la Peine –

Quel aplomb est dans l’Âme contenu,
Qu’elle puisse ainsi qu’elle souffre
La rumeur d’une Démarche approchant –
Le bruit d’une Porte qui s’ouvre –
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J1759 – F1786

Which misses most,
The hand that tends,
Or heart so gently borne,
’Tis twice as heavy as it was
Because the hand is gone?

Which blesses most,
The lip that can,
Or that that went to sleep
With “if I could” endeavoring
Without the strength to shape?
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Quel manque le plus, La main qui conforte,
Ou le cœur si gentil porté,
Qui est deux fois plus lourd qu’il ne le fut
Puisque la main s’en est allée ?

Qui bénit le plus, La lèvre qui peut,
Ou celle-là qui s’endormit
Sur un « Puissé-je » qu’elle aura tenté
Sans force de l’avoir émis ?
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J1758 – F1179

Where every bird is bold to go
And bees abashless play,
The foreigner before he knocks
Must thrust the tears away.
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Là où chaque Oiseau* est hardi d’aller
Et joue l’Abeille sans vergogne,
L’Étranger doit jeter au loin les Larmes
Avant qu’à la porte il ne cogne.

* [NdT : j’adopte ici la leçon de Franklin pour les majuscules]
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J1757 – F1775

Upon the gallows hung a wretch,
Too sullied for the hell
To which the law entitled him.
As nature’s curtain fell
The one who bore him tottered in, —
For this was woman’s son.
“’Twere all I had,” she stricken gasped —
Oh, what a livid boon!
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Sur le gibet se balançait un misérable,
Par trop souillé que l’enfer en voulût
Auquel la loi lui avait reconnu le droit.
Quand le rideau de la nature chut
Titubant parut celle qui l’avait porté, –
Car c’était de femme le rejeton.
« Il était tout mon bien », blessée bredouilla-t-elle –
Oh, quelle livide bénédiction !
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J1756 – F1771

’Twas here my summer paused
What ripeness after then
To other scene or other soul
My sentence had begun.

To winter to remove
With winter to abide
Go manacle your icicle
Against your Tropic Bride.
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C’est là que mon été cessa
Tout mûrissement désormais
Pour une autre scène ou pour une autre âme
Ma sentence avait commencé.

Du côté d’hiver se retraire
Avec l’hiver se cantonner
Va passer ton glaçon comme menottes
À ta Tropicale Épousée.
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J1755 – F1779

To make a prairie it takes a clover and one bee,
One clover, and a bee,
And revery.
The revery alone will do,
If bees are few.
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Pour faire une prairie il faut trèfle et abeille,
Un unique trèfle, une abeille,
Et puis la rêverie.
Par la rêverie seule il en ira merveille,
S’il fait défaut d’abeilles.
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J1754 – F1777

To lose thee — sweeter than to gain
All other hearts I knew.
’Tis true the drought is destitute,
But then, I had the dew!

The Caspian has its realms of sand,
Its other realm of sea.
Without the sterile perquisite,
No Caspian could be.
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Te perdre – plus doux que de m’acquérir
Tous les autres cœurs rencontrés.
Pour sûr, la sécheresse est sans ressources,
Mais pour moi, j’avais la rosée !

La Caspienne a ses seigneuries de sable,
L’autre seigneurie pélagienne.
Sans cette prébende en stérilité
N’existerait pas de Caspienne.
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J1753 – F1770

Through those old Grounds of memory,
The sauntering alone
Is a divine intemperance
A prudent man would shun.
Of liquors that are vended
’Tis easy to beware
But statutes do not meddle
With the internal bar.
Pernicious as the sunset
Permitting to pursue
But impotent to gather,
The tranquil perfidy
Alloys our firmer moments
With that severest gold
Convenient to the longing
But otherwise withheld.
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Aux vieux recoins du souvenir,
S’en aller seul baguenaudant
Dénote une divine intempérance
Que s’éviterait le prudent.

Des alcools qu’offre le commerce
Il est aisé de se garder
Mais les arrêtés ne se mêlent pas
De notre intime estaminet.

Pernicieuse comme un couchant
Dans sa poursuite avec permis
Mais impuissante à jamais rien cueillir
Cette paisible perfidie

Allie nos plus fermes moments
À cet or le plus endurci
Fort commode pour le languissement
Mais qui autrement se dénie.
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J1752 – F1769

This docile one inter
While we who dare to live
Arraign the sunny brevity
That sparkled to the Grave.

On her departing span
No wilderness remain
As dauntless in the House of Death
As if it were her own —
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Cet être docile enterrez
Tandis que nous qui osons vivre
Inculpons la brièveté solaire
Venue vers le Caveau reluire.

Par son envergure en partance
N’est plus aucun désert qui tienne
Hardie dans la Demeure de la Mort
Autant que si elle fût sienne –
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J1751 – F1768

There comes an hour when begging stops,
When the long interceding lips
Perceive their prayer is vain.
“Thou shalt not” is a kinder sword
Than from a disappointing God
“Disciple, call again.”
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Il survient une heure où la mendicité cesse,
Quand la lèvre en sa longue intercédante presse
Perçoit qu’est sa prière vaine.
« Point tu ne » est un glaive de plus de douceur
Que ces mots qu’adresse un désappointant Seigneur
« Disciple, plus tard tu reviennes. »
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