lundi 21 janvier 2013

J141 – F91

Some, too fragile for winter winds
The thoughtful grave encloses —
Tenderly tucking them in from frost
Before their feet are cold.

Never the treasures in her nest
The cautious grave exposes,
Building where schoolboy dare not look,
And sportsman is not bold.

This covert have all the children
Early aged, and often cold,
Sparrow, unnoticed by the Father —
Lambs for whom time had not a fold.
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D’aucuns, pour les vents d’hiver trop fragiles
La tombe enferme prévenante –
Tendrement les bordant contre le givre
Avant que ne gèlent leurs pieds.

Jamais les trésors qui sont dans son nid
La tombe n’expose prudente,
S’érigeant où l’écolier n’ose un œil,
Et le chasseur ne mettrait pied.

En cet asile sont tous les enfants
Tôt chus, qui souvent le gel sentent,
Moineaux, que le Père n’a remarqués –
Agneaux pour qui le temps n’a pied.
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J140 – F90

An altered look about the hills —
A Tyrian light the village fills —
A wider sunrise in the morn —
A deeper twilight on the lawn —
A print of a vermillion foot —
A purple finger on the slope —
A flippant fly upon the pane —
A spider at his trade again —
An added strut in Chanticleer —
A flower expected everywhere —
An axe shrill singing in the woods —
Fern odors on untravelled roads —
All this and more I cannot tell —
A furtive look you know as well —
And Nicodemus’ Mystery
Receives its annual reply!
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Une altération parmi les collines –
Le village en jour tyrien s’illumine –
Un plus grand soleil lève à l’horizon –
Une brune plus profonde au gazon –
Une empreinte vermillonne de pas –
Un doigt purpurin sur la pente au bas –
Une mouche impertinente au carreau –
Une araignée à tramer de nouveau –
Un Chantecler paradant neuves roues –
Une fleur qui est attendue partout –
Un chant de hache aux halliers stridulant –
Parfum de fougère aux voies sans passants –
Ce que je ne peux dire et tout ceci –
Un coup d’œil furtif que tu sais aussi –
Ainsi de Nicodème le Mystère
Reçoit chaque année sa réponse entière !
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J139 – F89

Soul, Wilt thou toss again?
By just such a hazard
Hundreds have lost indeed —
But tens have won an all —

Angel’s breathless ballot
Lingers to record thee —
Imps in eager Caucus
Raffle for my Soul!
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Âme, Iras-tu rouler les dés encore ?
À rien de plus que ce hasard
Des centaines ont il est vrai perdu –
Mais raflé le lot des dizaines –

De l’ange la loterie hors d’haleine
Patiente que tu t’y inscrives –
Des diableries en Factions se démènent
Pour mettre à tombola mon Âme !
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J138 – F96

Pigmy seraphs — gone astray —
Velvet people from Vevay —
Balles from some lost summer day —
Bees exclusive Coterie —
Paris could not lay the fold
Belted down with Emerald —
Venice could not show a check
Of a tint so lustrous meek —
Never such an Ambuscade
As of briar and leaf displayed
For my little damask maid —

I had rather wear her grace
Than an Earl’s distinguished face —
I had rather dwell like her
Than be “Duke of Exeter” —
Royalty enough for me
To subdue the Bumblebee.
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Séraphins pygmées – aux voies égarées –
Habitantes veloutées de Vevay –
Belles de quelque jour perdu d’été –
Abeilles d’exclusive Coterie –
Paris ne pourrait ployer les plissures
Au tombé d’une Émeraude en ceinture –
Venise ne pourrait montrer de joue
D’un orient aussi lustré qu’aussi doux –
Jamais une telle Embuscade n’eut
Selon la fougère ou la feuille lieu
Pour ma damoiselle en damas de peu –

Je préférerais revêtir sa grâce
Que d’un Duc la distinction de sa face –
Je préférerais vivre au demeurant
Où elle est qu’être un des « Princes du Sang » –
Ce m’est une royauté qui suffit
Le Bourdon de se trouver ébaubi.
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J137 – F95

Flowers — Well — if anybody
Can the ecstasy define —
Half a transport — half a trouble —
With which flowers humble men:
Anybody find the fountain
From which floods so contra flow —
I will give him all the Daisies
Which upon the hillside blow.

Too much pathos in their faces
For a simple breast like mine —
Butterflies from St. Domingo
Cruising round the purple line —
Have a system of aesthetics —
Far superior to mine.
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Quant aux fleurs – Soit – s’il est quiconque
L’extase à pouvoir définir –
Semi-transport – semi-problème –
Dont les fleurs humilient les hommes :
Quiconque à trouver la fontaine
D’où sourdent les crues si contraires –
Je lui donne les Marguerites
Au coteau toutes qui penchèrent.

Un trop net pathos teint leurs traits
Pour un cœur simple comme j’ai –
Les papillons de St Domingue
Parcourant le pourpre tropique –
Ont un système d’esthétique –
Bien supérieur à ce que j’ai.
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J136 – F94

Have you got a Brook in your little heart,
Where bashful flowers blow,
And blushing birds go down to drink,
And shadows tremble so —

And nobody knows, so still it flows,
That any brook is there,
And yet your little draught of life
Is daily drunken there —

Why, look out for the little brook in March,
When the rivers overflow,
And the snows come hurrying from the fills,
And the bridges often go —

And later, in August it may be —
When the meadows parching lie,
Beware, lest this little brook of life,
Some burning noon go dry!
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As-tu un Cours d’eau dans ton petit cœur,
Où s’exhalent des fleurs timides,
Et l’oiseau rougissant descend y boire,
Et les ombres à peine y rident –

Et tout le monde ignore qu’un cours d’eau,
Si tranquille il s’écoule, est là,
Quand ta petite goulée de la vie
Chaque jour vient s’étancher là –

Holà, veille au petit cours d’eau en mars,
Quand les rivières sont en crue,
Et se rue la neige au bas des collines
Et les ponts sont souvent rompus –

Puis, plus tard, en août comme il est possible –
Lorsque gît assoiffé le champ,
Gare, que ce petit cours d’eau de vie
N’ait tari d’un midi brûlant !
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J135 – F93

Water, is taught by thirst.
Land — by the Oceans passed.
Transport — by throe —
Peace — by its battles told —
Love, by Memorial Mold —
Birds, by the Snow.
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L’Eau, c’est par la soif qu’on la sait.
Le Sol – par l’Océan passé.
Le Transport – par le piège –
La Paix – par ses récits de lutte –
L’Amour, par le Marbre d’un Buste –
Les Oiseaux, par la Neige.
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J134 – F92

Perhaps you’d like to buy a flower,
But I could never sell —
If you would like to borrow,
Until the Daffodil

Unties her yellow Bonnet
Beneath the village door,
Until the Bees, from Clover rows
Their Hock, and Sherry, draw,

Why, I will lend until just then,
But not an hour more!
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[NdT : À Bruno Daumarès-Spilak]

Peut-être une fleur aimerais-tu d’acheter,
Mais jamais je n’en pourrais vendre –
Serait-ce que tu consentes d’en emprunter,
Jusqu’à la Jonquille d’attendre

Qu’elle dénoue son nœud du jaune Capuchon
Au pied des portes du hameau,
Jusque d’attendre au Trèfle en rangs, que les Bourdons
Leur vin extraient, leur Calvados,

Certes, j’en prêterai jusque là,
Mais pas une heure plus que ça !
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J133 – F127

As Children bid the Guest “Good Night”
And then reluctant turn —
My flowers raise their pretty lips —
Then put their nightgowns on.

As children caper when they wake
Merry that it is Morn —
My flowers from a hundred cribs
Will peep, and prance again.
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Comme à l’Hôte les Enfants souhaitent « Bonne Nuit »
Puis s’en vont à pas réticents –
Mes corolles exhaussent leurs lèvres jolies –
Puis robes de nuit revêtant.

Comme les enfants cabriolent au réveil
Joyeux du Matin revenu –
Mes fleurs de cent crèches vont de nouveau leur œil
Jeter, et fringuer tant et plus.

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